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une certaine longueur, parce que leurs variations ſont plus ſenſibles ; on en fait de 12 pouces de longueur & même davantage.

On a donné différentes formes aux aiguilles aimantées : autrefois on les faiſoit en forme de flèche applatie. M. de la Hire en a conſtruit d’un fil d’acier bien droit un peu applati & pointu par les deux bouts ; M. Duhamel leur a donné la figure d’un parallélogramme terminé par deux pointes fort obtuſes ; l’épaiſſeur eſt d’une demi ligne environ. En Angleterre on a donné aux aiguilles la forme d’un parallélogramme rectangle, prétendant que la variation de ces ſortes d’aiguilles eſt beaucoup plus ſenſible que celles des aiguilles terminées en pointe, à cauſe de la facilité de graver à l’extrémiié de ces aiguilles une diviſion de moins (Voyez le mot Aiguille).

La boîte des bouſſoles ne doit pas être en cuivre, ce métal contenant toujours quelques grains de fer qui peuvent agir plus ou moins ſur la direction de l’aiguille aimantée ; il ne faut pas non plus la conſtruire en bois, parce que cette matière eſt ſujette à se déjeter par un effet des alternatives de ſéchereſſe & d’humidité qui règnent dans l’atmoſphère : on les fait quelquefois en pierre ou en marbre. M. de La Hire eſt le premier qui ait penſé à employer la pierre dans la conſtruction des boîtes de bouſſole, comme on le voit dans les Mémoires de l’académie pour l’année 1716, pag. 6.

On trace ordinairement ſur le fond de la boîte par dedans & par dehors, une ligne droite ſuivant ſa longueur, & qui diviſe ſa largeur en deux parties égales entre elles, pour la diriger ſuivant la ligne méridienne ; de plus on attache au-dedans & vers les extrémités de ſa longueur, deux arcs de cercles égaux, qui ſont diviſés en degrés & parties de degrés.

On eſt communément en uſage de ſe ſervir d’une aiguille de bouſſole dans les mines, & ſur-tout dans celles de charbon, pour diſtinguer dans les ſouterrains obſcurs la poſition d’un lieu par rapport à un autre, afin d’être en état de faire les puits dans tel ou tel endroit. Mais comme dans la plupart de ces mines, & particulièrement dans celles de charbon, on trouve ſouvent des morceaux de mine de fer qui ont quelque vertu magnétique, on eſt par-là même expoſé à ſe tromper, parce que ces morceaux de mine de fer déjà magnétiques, dérangent ordinairement les bouſſoles & leur font perdre leur direction ; il eſt néceſſaire alors de ſe ſervir de grandes aiguilles, non ſeulement parce qu’elles ont l’avantage de donner un plus grand degré d’exactitude dans la route, mais encore parce qu’elles ſont moins ſujettes que les petites à ſe déranger, par la proximité de quelques morceaux de mine de fer déjà aimantés. Néanmoins ces grandes aiguilles ſe dérangent plus aiſément à l’approche d’un corps qui n’a pas encore reçu la vertu magnétique, mais qui eſt par lui-même capable de la recevoir, parce que le pouvoir des grandes aiguilles eſt plus fort à une certaine diſtance que celui des petites aiguilles. C’eſt pourquoi on ne ſauroit être trop attentif à écarter les marteaux, les leviers & autres inſtrumens de fer, des endroits où l’on ſe ſert d’une aiguille aimantée. La méthode ſuivante ſera très-utile pour découvrir & éviter ces ſortes d’erreurs.

Tendez une ſoie auſſi loin que la ſituation de la mine le permettra ; placez l’aiguille au-deſſous, à l’un des bouts de cette ſoie, & obſervez l’angle que l’aiguille forme avec la ſoie ; changez enſuite l’aiguille de place, en continuant de la poſer en divers endroits de la ſoie, & obſervez ſi elle garde la même direction & le même rapport à cette ligne ; ſi cela eſt on doit regarder ſa direction comme exacte : mais ſi elle varie dans les différens endroits où on l’a placée, il faudra obſerver quel eſt le lieu où elle ſe ſera écartée le plus de la direction généralement obſervée dans les autres endroits ; quelle eſt la poſition où elle aura été agitée le plus vivement ; & on ſera aſſuré que c’eſt-là ou dans les environs qu’on trouvera ce qui a été l’occaſion de cette variation ; pour lors on changera l’aiguille de place juſqu’à ce qu’on trouve une eſpèce d’uniformité dans ſa direction.

Après tout on peut retrancher ou ajouter quelque choſe pour la variation de la direction de l’aiguille, cauſée par l’attraction ou la répulſion de tel ou tel endroit, ſelon qu’il paroîtra que le pole nord ou ſud de l’aiguille qui en eſt attiré en eſt fort près ou fort éloigné. Afin de trouver lequel des deux poles eſt attiré, éloignez l’aiguille perpendiculairement à une petite diſtance de la ſoie, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; & obſervez de quel côté elle s’éloigne le plus de ſa direction générale dans les autres endroits ; alors l’extrémité de l’aiguille qui dévie de ce côté-là eſt l’extrémité attirée : mais ſi par hazard, en éloignant peu l’aiguille de la ſoie, elle dévioit beaucoup, qu’en l’éloignant davantage elle ne déviât point du tout, & qu’en l’éloignant encore plus, elle déviât en ſens contraire, alors le corps attirant ſeroit ſûrement placé au-deſſus ou au-deſſous de la ſoie, dans l’endroit où l’aiguille ne dévie point du tout. C’eſt pourquoi tout ceci doit être obſervé ſoigneuſement, de peur que l’aiguille venant à être placée dans un endroit où elle ne parût pas dévier, on ne prît un autre endroit pour le côté où ſe trouve le corps attirant : ce qui occaſionneroit une grande erreur. Mitchell.

Les laves baſaltiques agiſſent auſſi ſur l’aiguille aimantée. Pluſieurs obſervations prouvent cette vé-