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deux tourillons Q R, qui, poſant ſur les deux branches S T de la chape, entraînent celle-ci avec eux, & l’obligent de ſuivre le mouvement horiſontal de l’aiguille, tandis que tournant verticalement, ſans aucun obſtacle, ſur ſes mêmes branches, ils permettent à l’aiguille de ſuivre l’inclinaiſon magnétique. L’ouverture, qui eſt au milieu de l’aiguille, empêche qu’elle ne puiſſe rencontrer la chape.

Pour connoître les degrés d’inclinaiſon que parcourt l’aiguille, M. Buache place un quart de cercle mobile F G, figure 380. Ce quart de cercle tournant autour du pivot de la bouſſole, ſert à deux uſages ; le premier, à meſurer l’angle d’inclinaiſon de l’aiguille, & le ſecond, à déterminer ſur le cercle horiſontal de la bouſſole qu’il embraſſe par une de ſes extrémités, & qu’il traverſe perpendiculairement, la quantité préciſe de la déclinaiſon de l’aiguille, parce que le quart de cercle ſe place facilement & exactement dans le plan vertical & magnétique de l’aiguille. Ce ſecond avantage doit faire préférer le quart de cercle mobile aux cercles concentriques que quelques-uns tracent ſur la ſurface intérieure du taſſeau qui porte les diviſions de la déclinaiſon, & qui, pour cette raiſon, doit avoir au moins un pouce de hauteur.

M. Nairne a décrit une bouſſole d’inclinaiſon de ſon invention dans les Tranſactions philoſophiques, 1776. M. Brugman en a donné une nouvelle dans ſes Tentamina de Magnete. Ce même ſavant en a encore décrit une autre inventée par un phyſicien de Lewardin en Friſe. Les mémoires de l’académie de Suéde, contiennent encore d’excellentes recherches de M. Wilke, ſur les aiguilles d’inclinaiſon.

[Cette inclinaiſon eſt d’autant plus conſidérable, que l’aiguille eſt plus proche des pôles du monde, & d’autant moindre, qu’elle eſt proche de l’équateur, enſorte que ſous la ligne, l’aiguille eſt parfaitement horiſontale. Cette inclinaiſon, au reſte, varie dans tous les lieux de la terre comme la déclinaiſon ; elle varie auſſi dans tous les temps de l’année, & dans les différentes heures du jour ; & il paroît que les variations de cette inclinaiſon ſont plus conſidérables que celles de la déclinaiſon, & pour ainſi dire, indépendantes l’une de l’autre. On peut voir dans la figure 381 de quelle manière on diſpoſe l’aiguille pour obſerver ſon inclinaiſon. Mais on n’a pas été long-temps à s’apercevoir qu’une grande partie de cette variation dépendoit du frottement de l’axe ſur lequel l’aiguille devoit tourner pour ſe mettre en équilibre ; car, en examinant la qualité des degrés d’inclinaiſon d’une aiguille miſe en mouvement, & revenue à ſon point de repos, on la trouvoit tout-à-fait variable, quoique l’expérience fût faite dans les mêmes circonſtances, dans la même heure, & avec la même aiguille : d’ailleurs, on a fait différentes aiguilles avec tout le ſoin imaginable ; on les a faites de même longueur & épaiſſeur, du même acier ; on les a frottées toutes également & de la même manière ſur un bon aimant : ç’a été par haſard quand deux ſe ſont accordées à donner la même inclinaiſon ; ces inégalités ont été quelquefois à 10 ou 12 degrés : enſorte qu’il a fallu abſolument chercher une méthode de conſtruire des aiguilles d’inclinaiſon exemptes de ces inégalités. Ce problême a été un de ceux que l’académie des Sciences a jugé digne d’être propoſé aux plus habiles phyſiciens de l’Europe ; & voici les règles que preſcrit M. Dan. Bernouilli, qu’elle a couronné.

1o. On doit faire enſorte que l’axe des aiguilles ſoit bien perpendiculaire à leur longueur, & qu’il paſſe exactement par leur centre de gravité.

2o. Que les tourillons de cet axe ſoient exactement ronds & polis, & du plus petit diamètre que le permettra la peſanteur de l’aiguille.

3o. Que cet axe roule ſur deux tablettes qui ſoient dans un même plan bien horiſontal, très-dur & très-poli. Mais comme l’inflexion de l’aiguille, & la difficulté de placer cet axe exactement dans le centre de gravité, peut cauſer des erreurs ſenſibles dans l’inclinaiſon de l’aiguille aimantée, voici la conſtruction d’une nouvelle aiguille.

On en choiſira une d’une bonne longueur, à laquelle on ajuſtera un axe perpendiculaire, & dans le centre de gravité le mieux qu’il ſera poſſible ; on aura un petit poids mobile, comme de 10 grains, pour une aiguille qui en pèſe 6 000, & on approchera ce petit poids auprès des tourillons juſqu’à environ la 20e. partie de la longueur d’une des moitiés ; enſuite on mettra l’aiguille en équilibre horiſontalement, avec toute l’attention poſſible ; & lorſqu’elle ſera en cette ſituation, on marquera le lieu du petit poids : alors on l’éloignera des tourillons vers l’extrémité de l’aiguille, juſqu’à ce qu’elle ait pris une inclinaiſon de 5 degrés. On marquera encore ſur l’aiguille le lieu du petit poids, & on le reculera juſqu’à ce que l’inclinaiſon ſoit de 10 degrés, & ainſi de ſuite, en marquant le lieu du petit poids de cinq en cinq degrés. Après ces préparations, on aimantera l’aiguille, en obſervant que le côté auquel eſt attaché le petit poids, devienne le pôle boréal pour les pays où la pointe méridionale de l’aiguille s’élève ; & qu’il ſoit au contraire le côté méridional pour les pays où la pointe ſeptentrionale s’élève au-deſſus de l’horiſon.

La manière de ſe ſervir de cette bouſſole d’inclinaiſon, conſiſte à mettre d’abord le petit poids à la place qu’on préſumera convenir à-peu-près à la véritable inclinaiſon de l’aiguille ; après quoi on l’avancera ou reculera juſqu’à ce que l’inclinaiſon marquée par l’aiguille s’accorde avec celle que marque le petit poids ; & de cette manière, l’inclinaiſon de l’aiguille ſera la véritable inclinaiſon.

L’action de l’aimant, du fer, & des autres corps magnétiques, mis dans le voiſinage d’une aiguille aimantée, eſt capable de déranger beaucoup ſa