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d’ordinaire parties égales, & en y ajoutant, ſuivant l’uſage, de la pouſſière de charbon, ce qui produiſit diverſes eſpèces de laiton. Sans rapporter ici, en détail, les diverſes propriétés magnétiques qui ſont nées de ces mélanges, il ſuffira d’indiquer les conſéquences, ſavoir, 1o. que le laiton fait du cuivre & du zinc les plus purs, n’éprouve aucune action de la part de l’aimant, & n’agit point non plus ſur l’aiguille magnétique ; 2o. que plus les minières de zinc abondent en parties martiales, plus le magnétiſme du laiton devient fort, & qu’ainſi c’eſt de ces parties minérales mêlées à la pierre calaminaire, aux cadmies des fourneaux, & aux pſeudo-galènes, revivifiées dans la préparation du laiton, que dépendent uniquement l’origine & la nature des diverſes eſpèces de laiton. Ceci ſuppoſé, la cauſe du phénomène en queſtion eſt expliquée & miſe à l’abri de toute conteſtation. Il ne reſte plus enſuite qu’à déterminer la quantité de fer requiſe pour produire le magnétiſme dans le cuivre. En variant le poids dans les mélanges, on varie auſſi les forces magnétiques dans le cuivre. La moindre proportion exiſte quand le fer eſt au cuivre, comme la trente-deuxième. Les degrés vont enſuite en augmentant, & la plus grande proportion conſiſte en parties égales de deux métaux : tout cela eſt marqué dans une table qui eſt à la fin du mémoire de M. Lehmann.

Il y a des phyſiciens qui ont cru également trouver des propriétés magnétiques dans le bronze & le nickel ; mais ces effets dépendent encore du fer qui y eſt mêlé. Dans le bronze, il y a de la calamine qui contient du fer. Quant au nickel, qui n’eſt pas encore bien connu, ſa reſſemblance avec le cobalt fait ſoupçonner qu’il contient de même du fer. M. Bergman penſoit que le nickel, le cobalt & la manganèſe, n’étoient que des modifications du fer. Ces obſervations doivent engager à faire la plus grande attention aux métaux qu’on emploie pour conſtruire les bouſſoles.

L’expérience prouve qu’une très-petite portion de fer peut rendre un corps ſenſible à l’aimant. On a frotté avec de l’acier une turquoiſe, ces deux ſubſtances ont été peſées avant & après ce frottement, ſans qu’on ait remarqué aucune différence ſenſible dans les poids après l’opération, quoique la balance dont on s’eſt ſervi fût aſſez juſte pour indiquer un vingtième de grain ; néanmoins l’aiguille magnétique a été dérangée par la turquoiſe, après le frottement.

M. Geoffroi a prouvé que dans le règne végétal, pluſieurs parties des plantes, des fruits, des bois qu’on brûle, fourniſſent des cendres que l’aimant attire, lorſque toutes les ſubſtances ont pris leur nourriture & leur accroiſſement dans une terre qui contenoit des parties ferrugineuſes ; & que plus cette terre renferme du fer, plus les cendres de ces plantes recèlent de parties ferrugineuſes ( Hiſt. de l’acad. des ſc. 1706 ). Suivant le rapport de Galéat, dans les commentaires de Boulogne, on trouve dans les cendres de l’éponge, quelques parties qui cèdent à l’attraction de l’aimant. On en rencontre auſſi dans le caput mortuum, qui reſte après la diſtillation de l’huile de lin, après celle de thérébentine.

Comme toute eau, celle de pluie, de puits, de fleuve, de fontaine, contient des parties ferrugineuſes, on ne doit pas être ſurpris que les plantes qui en ſont continuellement abreuvées, ne contiennent du fer. Les eaux qui ont coulé ſur les terres, charrient des molécules ochreuſes, argilleuſes, &c. & ſous ce rapport, elles doivent fournir, après la revivification, du fer dans les cendres des végétaux.

Les plantes & l’eau formant une partie conſidérable de la nourriture des animaux, on ne ſera pas non plus étonné de rencontrer du fer, non-ſeulement dans le ſang, ainſi que nous l’avons dit, mais encore dans différentes parties du règne animal. Ainſi les cendres des cloportes, celles des vers de terre, de limaçons, d’hirondelles, de grenouilles, d’oiſeaux, de poules, de vipères, de lièvres, de brebis, de bœufs, ſont attirées par l’aimant. Celles qui viennent des os de bœufs, calcinées par un feu violent ; celles des chevaux, des cochons, des hommes ; celles que fourniſſent la corne de cerf, l’épine des anguilles, les yeux de cancres qui ſont des concrétions, &c. contiennent toutes plus ou moins de parties, plus ou moins de parcelles attirables par l’aimant. On trouve encore des parties de cette eſpèce dans l’urine de l’homme, ſur-tout dans l’urine des néphrétiques ; ces ſortes de parties ſe manifeſtent dans la terre qui provient de la diſtillation de l’urine : on en obtient encore du caput mortuum, de la diſtillation du ſel ammoniac. On trouve une plus grande quantité de parties ferrugineuſes dans la combuſtion des poumons, des inteſtins & des autres viſcères des animaux, que dans la combuſtion de leurs parties charnues. Il y en a dans le caput mortuum de la diſtillation du miel, du caſtoréum & des coraux. On en retire des chairs des poules, des chapons, des pigeons, des moineaux, une auſſi grande quantité ; de même que des chairs des quadrupèdes & des hommes. Il faut néanmoins obſerver que les cendres & les chairs des quadrupèdes qui paiſſent dans un terrain plus abondant en fer, fourniſſent une plus grande quantité de parties ferrugineuſes. On retire le fer du ſang des animaux, des bœufs, des chiens, des oiſeaux, des grenouilles, des anguilles, &c. lorſqu’on le fait brûler ; c’eſt dans la partie rouge du ſang, plutôt que dans la partie ſéreuſe qu’on retire plus de molécules ferrugineuſes. Bien plus, ſi on a ſoin de laver avec de l’eau les globules rouges du ſang, & qu’on faſſe ſécher à un feu