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AIM
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devient plus conſidérable à meſure que le corps attiré s’approche de l’aimant, & qu’elle eſt la plus grande de toutes dans le point de contact : mais la proportion de cette force dans les différentes diſtances, n’eſt pas la même dans les différens aimans ; ce qui fait qu’on ne ſauroit établir de règle générale.

Voici le réſultat d’une expérience faite avec ſoin par M. du Tour.

Il a rempli d’eau un grand baſſin M (fig. 342), & il a fait nager, par le moyen d’une fourchette, une aiguille à coudre Α B qu’il avoit aimantée, (qu’on peut par conſéquent regarder comme un aimant, ainſi que nous le verrons par la ſuite) ; il a préſenté une pierre d’aimant T à la diſtance de 13 pouces de cette aiguille, ce qui étoit à-peu-près le terme de ſa ſphère d’activité, & il a examiné le rapport des vîteſſes de l’aiguille à différentes diſtances. Voici le réſultat de ſon obſervation :

L’aiguille a employé à parcourir
le premier pouce, 120
le ſecond, 110
le troiſième, 070
le quatrième, 072
le cinquième, 056
le ſixième, 044
le ſeptième, 028
le huitième, 016
le neuvième, 012
le dixième, 006
le onzième, 003
le douzième & treizième, 001
Total pour les 13 pouces 538″ = 8′ 58″

Ce qu’on a obſervé de la répulſion eſt, en quelque ſorte, ſemblable aux circonſtances du phénomène de l’attraction, c’eſt-à-dire, que la ſphère de répulſion varie dans les différens aimans, auſſi-bien que la force répulſive dans les différentes diſtances. Pluſieurs auteurs ont cru que la force répulſive ne s’étend dans aucun aimant, auſſi loin que la force attractive, & qu’elle n’eſt nulle part auſſi forte que la vertu attractive, pas même dans le point de contact, où elle eſt la plus grande. La force attractive des pôles de différens noms de deux aimans, étoit, par une obſervation de M. Muſſchenbroeck, de 340 grains dans le point de contact, tandis que la force répulſive des pôles des mêmes noms de ces deux aimans n’étoit que de 44 grains dans le point de contact de ces deux pôles.

Ces auteurs joignent à ces obſervations une autre qui n’eſt pas moins ſingulière : c’eſt qu’on trouve des aimans (& la même choſe arrive à des corps aimantés), dont les pôles de mêmes noms ſe repouſſent tant qu’ils ſont à une diſtance moyenne des termes de leur ſphère d’activité, & s’attirent, au contraire, dans le point de contact ; d’autres ſe repouſſent avec plus de vivacité vers le milieu de leur ſphère d’activité qu’aux environs du point de contact, où il ſemble que la répulſion diminue. Néanmoins M. Michell prétend avoir obſervé, par le moyen des aimans artificiels, que les deux pôles attirent & repouſſent également aux mêmes diſtances, & dans toutes les ſortes de direction ; que l’erreur de ceux qui ont cru la répulſion plus foible que l’attraction, vient de ce que l’on affoiblit toujours les aimans & les corps magnétiques, en les approchant par les pôles de mêmes noms ; au lieu qu’on augmente leur vertu lorſqu’on les approche par les pôles de différentes dénominations ; que cette augmentation ou diminution de force, occaſionnée par la proximité de deux aimans, devient inſenſible à meſure qu’on les éloigne : c’eſt pourquoi l’on voit qu’à une grande diſtance l’attraction & la répulſion approchent de plus en plus de l’égalité, & réciproquement s’éloignent de l’égalité à meſure que la diſtance réciproque des deux aimans diminue, & qu’ils agiſſent l’une ſur l’autre, enſorte que ſi un aimant eſt aſſez fort & aſſez près pour endommager conſidérablement un aimant foible qui s’approche par les pôles de mêmes noms, il arrivera que le pôle de celui-ci ſera détruit & changé en un pôle d’une dénomination différente ; au moyen de quoi ſa répulſion ſera convertie en attraction. Pluſieurs expériences, au reſte, font croire à M. Michell que l’attraction & la répulſion croiſſent & décroiſſent en raiſon inverſe des quarrés des diſtances reſpectives des deux pôles.

Tous ces effets d’attractions & de répulſions réciproques de deux aimans, n’éprouvent aucun obſtacle de la part des corps ſolides ni fluides. L’attraction & la répulſion de deux aimans étoit également forte, ſoit qu’il y eût une maſſe de plomb de 100 livres entre deux, ſoit qu’il n’y eût que de l’air libre. M. Boyle a éprouvé que la vertu magnétique pénétroit au-travers du verre ſcellé hermétiquement, qu’on ſait être un corps des plus impénétrables par aucune ſorte d’écoulement particulier : le fer ſeul paroît intercepter la matière magnétique ; car une plaque de fer battu, interpoſée entre deux aimans, affoiblit conſidérablement leurs forces attractives & répulſives. Il y en a qui prétendent avoir éprouvé le contraire.

Nous avons dit plus haut, que, quoiqu’en général, deux aimans ſe repouſſent par les pôles de même nom ; il peut cependant arriver que, lorſqu’on préſente un aimant vigoureux à un aimant foible, les pôles ſemblables s’attirent au lieu de ſe repouſſer ; mais c’eſt qu’alors ils ont ceſſé d’être de même nom, ils ſont devenus différens, l’aimant fort ayant changé les pôles de l’aimant foible. Ainſi ce fait n’eſt pas même une exception à la règle générale, il en eſt une nouvelle application. C’eſt par cette raiſon qu’on