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AIM

expliquera pluſieurs phénomènes analogues à cet effet & particulièrement le ſuivant que M. Œpinus a obſervé le premier.

Que l’on tienne verticalement un aimant au-deſſus d’une table, ſur laquelle on aura placé une petite aiguille d’acier à une certaine diſtance du point au-deſſus duquel l’aimant ſera ſuſpendu ; l’aiguille tendra vers l’aimant, & ſon extrémité la plus voiſine de l’aimant s’élèvera au-deſſus de la ſurface de la table ; ſi l’on frappe légèrement la table par-deſſous, l’aiguille ſe ſoulèvera en entier, & lorſqu’elle ſera retombée, elle ſe trouvera plus près du point correſpondant au-deſſous de l’aimant ; ſon extrémité s’élevant davantage, formera, avec la table, un angle moins aigu ; & à force de petits coups réitérés, elle parviendra préciſément au-deſſous de l’aimant & ſe tiendra perpendiculaire. Si, au contraire, on place l’aimant au-deſſous de la table, ce ſera l’extrémité de l’aiguille la plus éloignée de l’aimant qui s’élèvera ; l’aiguille miſe en mouvement, par de légères ſecouſſes, ſe trouvera toujours, après être retombée, à une plus grande diſtance du point correſpondant au-deſſus de l’aimant ; ſon extrémité s’élèvera moins au-deſſus de la table & formera un angle plus aigu. L’aiguille acquiert la vertu magnétique par la proximité de l’aimant. L’extrémité de l’aiguille, oppoſée à cet aimant, prend un pôle contraire au pôle de l’aimant dont elle eſt voiſine ; elle doit donc être attirée pendant que l’autre extrémité ſera repouſſée. Ainſi l’aiguille prendra ſucceſſivement une poſition où l’une de ſes extrémités ſera le plus près, & l’autre le plus loin poſſible de l’aimant ; elle doit donc tendre à ſe diriger parallèlement à une ligne droite que l’on pourroît tirer de ſon centre de gravité à l’aimant. Lorſque l’aiguille s’élève pour obéir à la petite ſecouſſe, la tendance qu’on vient de reconnoître lui donne, pendant qu’elle eſt en l’air, une nouvelle poſition relativement à l’aimant ; & s’il eſt ſuſpendu au-deſſus de la table, cette nouvelle poſition eſt telle, que l’aiguille en retombant, ſe trouve plus près du point correſpondant au-deſſus de l’aimant ; &, au contraire, l’aimant eſt au-deſſus de la table, la nouvelle poſition donnée à l’aiguille, pendant qu’elle eſt encore en l’air, fait néceſſairement qu’après être retombée, elle ſe trouve plus éloignée du point au-deſſous duquel l’aimant a été placé. Il eſt inutile de dire que ſi on remplace la petite aiguille par de la limaille de fer, l’on voit les mêmes effets produits dans toutes les particules qui compoſent la limaille. Seconde diſſertat. d’Œpinus, à la ſuite de ſon eſſai ſur la théorie de l’élect. & du magn.

Les attractions & les répulſions magnétiques ont lieu à travers toutes les matières, le fer excepté, c’eſt-à-dire, que la vertu magnétique s’exerce malgré l’interpoſition des différentes ſubſtances fluides ou ſolides.

Si on plonge, dans un grand vaſe plein d’eau, une aiguille aimantée, très-mobile ſur ſon pivot, & qu’on préſente en dehors du vaſe un aimant, on verra la pointe de l’aiguille être attirée par le pôle de différent nom de l’aimant ou être repouſſée par ſon pôle de même nom, ſelon qu’on lui préſentera l’un ou l’autre pôle ; on pourra même faire tourner circulairement l’aiguille, ſi on donne ce mouvement à l’aimant autour du vaſe, même à quelque diſtance de lui, ſuivant la force de l’aimant. L’eau n’empêche donc pas l’action de l’aimant. Il en ſera de même, ſi on préſente à l’aiguille une ſimple baguette de fer ou un couteau. Voyez la figure 343.

L’huile, le mercure & les autres fluides connus, interpoſés entre l’aimant & le fer, n’arrêtent point la vertu magnétique.

La vertu magnétique s’exerce de même au travers de la flamme, l’inſpection de la figure 344, ſuffit pour le prouver. On met dans le vaſe de l’eſprit de vin qu’on allume ; & quoique l’aiguille ſoit environnée de flamme, elle obéit à l’action de l’aimant artificiel ou naturel qu’on lui préſente. Cet appareil eſt plus exact que celui de la fig. 355.

Une aiguille aimantée placée ſur ſon pivot, ſous le récipient d’une machine pneumatique dont on a pompé l’air, eſt ſenſible aux impreſſions de l’action d’un aimant ou d’un fer qu’on préſente hors du récipient.

Ainſi, malgré l’interpoſition du vide, de l’air, de la flamme, de l’eau, des courans d’eau, & de tous les autres fluides qu’on peut ſubſtituer à l’eau, les attractions & les répulſions électriques ont lieu. Elles ſont auſſi vives dans l’air condenſé, que dans l’air commun & dans l’air raréfié. Voyez la fig. 356.

L’interpoſition de tous les ſolides connus, le fer excepté, ne détruit point l’action attractive ou répulſive de l’aimant. Sur le haut de l’appareil repréſenté dans la fig. 345, placez au-deſſus de l’aimant NS, ſucceſſivement une plaque circulaire de bois, de marbre, de carton, de verre, de cuivre, d’étain, &c., de quelque matière que ce ſoit, au fer près ; ſaupoudrez la plaque circulaire de limaille de fer. Lorſque par le moyen de la manivelle M, on fera tourner l’aimant NS, on verra chaque parcelle de limaille s’élever, tantôt par une de ſes extrémités, tantôt par l’autre, ſelon que le pôle N, ou le pôle S paſſeront deſſous ces parcelles. Ces divers mouvemens annoncent ceux des pôles de l’aimant, & l’exiſtence de chaque pôle dans l’endroit correſpondant. On voit même des courbes circulaires formées par la limaille, ſur-tout ſi on tamiſe la limaille, tandis que l’aimant ſe meut. Tous les corps ſolides mis entre