Page:Encyclopédie moderne ou Bibliothèque, 2e éd., T01.djvu/100

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ACA et du faux , propre à indiquer le bonheur qui est le but de la vie humaine , il prétendait que c’est à la probabilité de ’diriger Je choix de ce que nous devons rechercher ou éviter ; ainsi le bonheur est Je fruit de la prudence, qui consiste à se conduire avec droiture , c’est-à-dire de manière que nos actions puissent être justifiées par un motif probable. Troilième académie. Carnéades , fondateur de la troisième académie, fut, comme Arcésilas, zélé partisan de la su5pension du jugement : cependant il lui donna moins d’étendue et en restreignit l’usage, conve~ant quïl y avait des vérités, mais soutenant qu’on ne pouvait en avoir la certitude, et qu’il fallait suspendre son jugement. Cepen• dant, comme en plusieurs circonstances on est obligé de se déterminer et d’agir, n croyait qu’alors la probabilité devait suffire. Il permettait donc au sage d’opiner, c’est-à-dire d’affirmer ses sentiments d’après des motifs de probabilité, les seuls qu’il fût en son pouvoir d’acquérir. Mais quant à la certitude, il prétendait qu’elle ne pouvait être le partage d’un être aussi faible, aussi borné que l’homme. Ainsi, selon Carnéades, tout est incertain ; la vérité n’a point un caractère immuable qui serve à la faire conuaitre ; les perceptions, pour ce qui regarde les objets qui les produisent et qu’elles représentent, sont vraies ou fausses ; elles annoncent la vérité ou elles trompent. Mais la vérité, reste dans les choses mêmes qui n’entrent point dans notre esprit ; nous· n’en avons qu’une image ou ressemblance, qui d’ordinaire est trompeuse ; nous ne connaissons aucune marque qui nous ~~de à distinguer les perceptions vraies des fausses ; nous ne pouvons en saisir ni tenir aucune pour vraie. U en est cependant qui peuvent paraltrc vraies et être jugées probables, parce que l’apparence de la probabilité existe ; mais nous n’a.ons aucune marque de la certitude, c’est-à -dire que les perceptions vraies, en entrant dans notre esprit , ne sont distinguées par aucune marque si particulière et si sàre qu’en la saisissant nous puissions dire, cette perception est vraie ; cependant quelques-unes nous touchent et nous affectent tellement que nous les tenons pour probables et les jugeons plus vraies que d’autres. Dans Je cours de la vie , pour ne pas rester dans l’inaction , il faudra faire usage de ces perceptions probables, à défaut de la certitude. De même, par rapport aux notions, aux dogmes et à tout ce que nous concevons ou énonçons , on doit penser qu’il n’y a rien qui soit certain ou plus que propable. Tel est Je sommaire de la doctrine de Carnéades. Carnéades ne penchait pas pour Je système du fatalisme adopté par les stoïciens ; il professait an contraire la doctrine de la tiberté autant qu’un académ !cien pouvait l’admettre. • Ce philosophe, dit Cicéron(~), faisait consister cette liberté dans un mouvement volontaire de l’âme, dont elle est la cause. » Mais ce mouvement est-il spontané ou réfiéchi ? c’est sur quoi Cicéron garde le silence. Par une conséquence de ses principes, Carnéades ne considérait pas la loi naturelle comme une règle fixe et immuable : il n’y trouvait .pas plus de certitude que dans les o~jets purement spéculaLifs ; à l’entendre, il n’y a point (t) De falo, tt.