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80 ABC de l’académie. L’arrêt d’enregistrement est du 7 juin ~652. L’académie, qui avait eu si fort à se plaiDdre des tracasseries que l’esprit de corps lui avait suscitées , ne sui pu eUe-même s’en affranchir. Elle s’était appuyée, dans toutes ses demandes, sur la nécessité d’accorder aux artistes ceUe noble indépendance sans laquelle ils ne sauraient rien produire de grand et de digne de la postérité ; mais eUe fit voir bientôt qu’elle avait plaidé dans l’intérêt de ses membres plutôt que dans l’intérêt des ar&s : elle obtint, en .f 65.f , le droit exclusif de l’enseignement, avec défense d’ouvrir des ateliers, de poser le modèle, el de donner des leçons publiques de peinture et de 8CIIIplure sans son autorisation ; bien plus, quelques artistes n’avaient pu jugé à propos de solliciter l’honneur d’être admis dans son sein ; on les y contraignit, sous peine d’être abandonnés aux poursuites du corps de la mattrise ; en un mot, il ne fut plus permis de professer les ar&s et d’avoir du talent qu’avec l’agrément et sous Je bon plaisir de l’académie royale de peinture et de sculpture. Cette compagnie a con8ervé son ancienne organisation et une grande partie de ses priviléges jusqu’en~ 789, époque de son entière dissolution. Les ar&s cessèrent alors d’être soumis à un monopole odieux ; chacun put les cultiver avec liberté, et suivre, sans entraves , la carrière où il était appelé par son génie. Les expositions publiques, où les académiciens avaient seuls le droit d’étaler leurs chefs-d’œuvre privilégiés , s’ouvrirent aux ouvrages de tous les artistes sans distinction ; l’ignorance seule en fut exclue : utile concurrence, qui ne pouvait manquer d’exciter une noble émulation parmi les élèves, et d’empêcher les maUres de se livrer à une orgueilleuse sécurité. On ne tarda pu à en ressentir les heureux effe&s : des jeunes gens presque inconnus parurent tout à coup nec un éclat qui fit pllir les vieilles réputations académiques ; formés par les leçons et par le8 exemples d’un peintre habile, qu’ils reconnaissent encore aujourd’hui pour leur maitre , ils travaillèrent , de concert avec lui , à Ja restauration de notre école, au milien des dissensions intestines qui désolaient Ja patrie , et tandis que nos jeunes soldats combattaient avec gloire pour assurer son indépendance. Cependant l’horizon politique commençait à s’épurer ; on avait beaucoup détruit , on voulut reconstruire. Le désir de donner une grande impulsion aux sciences, aux lettres et aux arts , engagea le gouvernement à réorganiser sor un plan nouveau les anciennes académies : l’Institut rut créé et divisé en quatre classes ; on plaça dans la dernière J’académie de peinture et de sculpture et celle d’architecture ; on y joignit une section de musique ; et cette classe ainsi composée porte aujourd’huiltftitre d’académie des beaux-arts. EUe compte au nombre de ses attributions la nominalio !l de ses membres , le jugement des concours, et le choix des professeurs chargés de la surveillance el de Ja direction de J’école. Le mode suivant lequel elle exerce ses jugements a trouvé plus d’un censeur : on a prétendu, et ce n’est pu sans raison, qu’il était absurde de soumettre les ouvrages de peinture, de sculpture et de gravure aux suffrages des musiciens et des architectes ; et qu’il ne l’était pas moins de faire juger par ·des