Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/28

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Belgique, l’Alsace-Lorraine, ne fussent libérés. Mais l’Allemagne trouve en face d’elle des forces plus qu’équivalentes. L’empire colonial et la libre circulation maritime constituent pour les Alliés des gages qui priment de beaucoup les gages territoriaux de l’ennemi. » Ainsi, on veut nier les résultats acquis par l’Entente, les amoindrir, pour prolonger la guerre.

Quant au parti pris de masquer l’horreur, voici une phrase échoppée dans un magazine : « 8.000 enfants morts en Transylvanie, 8.000 petits cadavres jonchant les routes de la retraite autrichienne, au point qu’on dut faire des fosses communes. C’est la guerre qui passe, semant sur les routes des deuils et des deuils encore. » Ainsi, on ne veut pas que la guerre sème le deuil.

Mais j’espère qu’après la guerre, il y aura un recul d’épouvante, quand les récits vrais, et jusqu’alors retenus, crèveront la digue. J’entends un officier dépeindre la cote 304, à Verdun, l’odeur du sang, le bruit des ruisseaux de sang, les cris des soldats appelant leur maman… Quand celui-là parlera, et des milliers d’autres… Quel contraste avec les mots sonores que seuls permet la censure.

— Un officier, en liaison avec les Anglais, dit que la zone conquise en Picardie est désormais incultivable : entonnoirs de 30 mètres, humus disparu, ferraille, obus non éclatés. Il propose de planter une forêt. Il assure qu’il n’a pas pu retrouver trace de certains villages, comme Montauban.

— Dans une préface au recueil des discours de Lloyd George, Albert Thomas revient à deux reprises sur « l’appréhension de l’heure rude de la victoire », sur « les difficultés glorieuses de la victoire ».

— Painlevé a été voir Poincaré le 11. Il s’agissait de la situation en Grèce. Il se joue là-bas une partie confuse, ce dédoublement de gouvernement, les