Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/29

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Grecs tiraillés entre le roi et Venizelos et, là-dessus, les exigences successives de l’Entente, voulant les postes, la police, la flotte, les chemins de fer.

— À un déjeuner offert par Painlevé, le 10, le député anglais Arthur Lynch établit un parallèle entre Briand et Lloyd George, disant que ce dernier est très sincèrement démocrate et toujours guidé par cet idéal à travers de petites affectations de simplicité.

— Le deuxième emprunt, ouvert le 5 octobre, est soutenu par une tactique plus pressante, plus insinuante que le premier. La foule est mieux investie. Les journaux développent ce thème : verser l’or, c’est abréger la guerre. Pour la première fois, on parle des sacrifices humains, en assurant qu’on les diminue par la souscription. Je relève cet argument audacieux : « Près de 6 % ! Songez donc qu’en temps normal, ce serait un taux usuraire ! »

Néanmoins, vers le 15, on se plaint d’une résistance à souscrire. Les uns disent : « ce sont les permissionnaires qui disent qu’on raccourcira la guerre en ne souscrivant pas. » Les autres : « c’est une manœuvre allemande. »

— Au Reichstag, le 12, le majoritaire Scheidemann dit qu’on laisse ignorer aux Français qu’on libérerait la Belgique et la France sans qu’il en coûte une goutte de sang.

— Les journaux développent cette thèse : le Droit doit triompher de la Force. L’ironie, c’est que le Droit doit triompher par la Force.

— L’actrice S… habitait une villa près de Meaux. Devant l’invasion allemande, elle l’abandonne et, pour la sauvegarder, elle laisse, sur la table du salon une affiche de Vieil Heidelberg, pièce allemande qu’elle avait jouée à l’Odéon, en soulignant son nom. Après la Marne elle retrouve sa villa intacte, avec un gros bouquet posé sur l’affiche.