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ROMANS NATIONAUX

« Regarde là-bas !… » (Page 30.)


que l’appel aurait lieu le lendemain à huit heures pour la distribution des armes, et l’on nous cria : « Rompez les rangs ! » pendant que les officiers remontaient la rue à gauche et entraient ensemble dans un grand café, où l’on montait par une quinzaine de marches.

Mais nous autres, où aller avec nos billets de logement, au milieu d’une ville pareille, et surtout ces Italiens, qui ne connaissaient pas un mot d’allemand ni de français ?

Ma première idée fut d’aller voir la cantinière sous son parapluie. C’était une vieille Alsacienne toute ronde et joufflue, et quand je lui demandai où se trouvait la Capuzigner Strasse, elle nie répondit : « Qu’est-ce que tu payes ?  »

Je fus obligé de prendre avec elle un petit verre d’eau-de-vie ; alors elle me dit : « Tiens, juste en face de nous, en tournant le coin à droite, tu trouveras la Capuzigner Strasse. Bonsoir, conscrit. »

Elle riait.

Le grand Furst et Zébédé avaient aussi leur billet pour la Capuzigner Sirasse ; nous partîmes, encore bienheureux de boiter et de traîner la semelle ensemble dans cette ville étrangère.

Furst trouva le premier sa maison, mais elle était fermée, et, comme il frappait à la porte, je trouvai aussi la mienne, dont les deux fenêtres brillaient à gauche. Je poussai la porte, elle s’ouvrit, et j’entrai dans une allée sombre, où l’on sentait le pain frais, ce qui me réjouit intérieurement. Zébédé alla plus loin. Moi, je criais dans l’allée : « Il n’y a personne ?  »

Et presque aussitôt une vieille femme parut,