Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Déjà deux bataillons passaient sur les ponts, les soldats à la file, les officiers et le drapeau au milieu. Cela produisait un roulement sourd. Les canons et les caissons passèrent ensuite.

Le capitaine Florentin venait de nous faire renouveler les amorces, lorsque le général Souham, le général Chemineau, le colonel Zapfel et notre commandant arrivèrent. Le bataillon se mit en marche. Je regardais toujours si les Russes n’accouraient pas au grand galop, mais rien ne bougeait.

À mesure qu’on arrivait sur l’autre rive, chaque régiment formait le carré, l’arme au pied. Vers cinq heures toute la division avait passé. Le soleil dissipait le brouillard ; nous voyions, à trois quarts de lieue environ sur notre droite, une vieille ville, les toits en pointe, le clocher en forme de boule couvert d’ardoises avec une croix au-dessus, et plus loin derrière, un château : c’était Weissenfels.

Entre la ville et nous s’étendait un pli de terrain profond. Le maréchal Ney, qui venait d’arriver aussi, voulut savoir avant tout ce qui se trouvait là-dedans. Deux compagnies du 27e furent déployées en tirailleurs, et les carrés se mirent à marcher au pas ordinaire : les officiers, les sapeurs, les tambours à l’intérieur, les