Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/187

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manière, lorsqu’on nous ordonna de battre en retraite, cc que nous fîmes avec un plaisir que chacun doit comprendre.

Nous passâmes autour de Gross-Gorschen, suivis par les Prussiens, qui nous fusillaient et que nous fusillions. Les deux mille hommes qui se trouvaient dans le village arrêtèrent l’ennemi par un feu roulant de toutes les fenêtres, pendant que nous remontions la côte pour gagner le second village, Klein-Gorschen. Mais alors toute la cavalerie prussienne arriva de côté pour nous couper la retraite et nous forcer de rester sous le feu de leurs pièces. Cela me produisit une indignation qu’on ne peut croire. J’entendais Zébédé qui criait : « Courons plutôt dessus que de rester là ! »

C’était aussi terriblement dangereux, car ces régiments de hussards et de chasseurs s’avançaient en bon ordre avant de prendre leur élan.

Nous marchions toujours en arrière, quand au haut de la côte on nous cria : « Halte ! » et dans le même moment les hussards, qui couraient déjà sur nous, reçurent une terrible décharge de mitraille qui les renversa par centaines. C’était la division du brave général Girard qui venait à notre secours de Klein-Gorschen ; elle avait placé seize pièces en batterie un peu à droite.