Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/188

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Cela produisit un très bon effet : les hussards s’en allèrent plus vite qu’ils n’étaient venus, et les six carrés de la division Girard se réunirent avec les nôtres à Klein-Gorschen pour arrêter l’infanterie des Prussiens, qui s’avançait toujours, les trois premières colonnes en avant, et trois autres aussi fortes derrière.

Nous avions perdu Gross-Gorschen, mais cette fois, entre Klein-Gorschen et Rahna, l’affaire allait encore devenir plus terrible.

Moi, je ne pensais plus à rien qu’à me venger. J’étais devenu pour ainsi dire fou de colère et d’indignation contre ceux qui voulaient m’ôter la vie, le bien de tous les hommes, que chacun doit conserver comme il peut. J’éprouvais une sorte de haine contre ces Prussiens, dont les cris et l’air d’insolence me révoltaient le cœur. J’avais pourtant un grand plaisir de voir encore Zébédé près de moi, et comme, en attendant les nouvelles attaques, nous avions l’arme au pied, je lui serrai la main.

« Nous avons eu de la chance, me dit-il. Mais pourvu que l’Empereur arrive bientôt, car ils sont vingt fois plus que nous… pourvu qu’il arrive avec des canons ! »

Il ne parlait plus d’attraper la croix !

Je regardai un peu de côté pour voir si le sergent y était encore, et je l’aperçus qui essayait