Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/309

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eu qu’un seul véritable avantage en ce jour, c’était d’avoir conservé notre point de retraite sur Erfurt ; car Giulay n’avait pu s’emparer des ponts de l’Elster et de la Pleisse. Toute l’armée, depuis le simple soldat jusqu’au maréchal, pensait qu’il fallait battre en retraite le plus tôt possible, et que notre position était très mauvaise. Malheureusement l’Empereur pensait le contraire : il fallait rester ! Tout ce jour du 17, nous demeurâmes en position sans tirer un coup de fusil. — Quelques-uns parlaient de l’arrivée du général Reynier avec seize mille Saxons ; mais la défection des Bavarois nous avait appris quelle confiance on pouvait avoir dans nos alliés. Vers le soir, on annonça que l’on commençait à découvrir l’armée du grand Nord sur le plateau de Breitenfeld : c’étaient soixante mille hommes de plus pour l’ennemi. Je crois entendre encore les malédictions qui s’élevaient contre Bernadotte, les cris d’indignation de tous ceux qui l’avaient connu simple officier du temps de la République et qui disaient : « Il nous doit tout ; nous l’avons fait roi de notre propre sang, et maintenant, il vient nous donner le coup de grâce ! » La nuit, il se fit un mouvement général en arrière ; notre armée se resserra de plus en plus autour