Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/310

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de Leipzig, ensuite tout devint calme. Mais cela ne vous empêchait pas de réfléchir ; au contraire, chacun pensait dans le silence : « Que va-t-il arriver demain ? Est-ce qu’à cette même heure je verrai la lune monter entre les nuages, comme je la vois ? Est-ce que les étoiles brilleront encore pour mes yeux ? » Et quand on regardait, dans la nuit sombre, ce grand cercle de feu qui nous entourait sur une étendue de près de six lieues, on s’écriait en soi-même : « Maintenant tout l’univers est contre nous, tous les peuples demandent notre extermination… ils ne veulent plus de notre gloire ! » On songeait ensuite qu’on avait pourtant l’honneur d’être Français, et qu’il fallait vaincre ou mourir.