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DE CHARLES DE L’ESCLUSE

IX

À Jean Craton de Kraftheim, à Breslau.


S. P. — Illustre Craton, Thomas Rediger m’a remis tes lettres, en venant hier à Louvain, comme il allait partir pour la France : elles ne pouvaient avoir rien de plus gracieux pour moi, parce que je les vois remplies d’humanité et de la plus grande bienveillance à mon égard. Il n’est rien que je ne te doive, si ce n’est le bon vouloir d’un esprit sans dissimulation. Je te remercie de m’apprendre les noms de ceux par lesquels quelquefois mes lettres un peu rudes et très peu soignées peuvent te parvenir.

Mais en quel endroit de l’Italie dois-je aller ? Mon choix n’est pas encore fait, à moins par hasard que je ne me rende à Pise, qui paraît être une ville assez tranquille et peu turbulente. Or quelque part que je me trouve, je voudrais te persuader que Clusius conservera toujours ton souvenir et recherchera toutes les occasions qui lui permettront de causer par lettres avec toi. Je devrais être maintenant en Italie, si certaines petites affaires ne m’en avaient fait décider autrement. Mais, dans quelque temps, après que j’aurai dit adieu à mes parents, j’espère pouvoir m’occuper de mon voyage dans cette contrée.

Les poèmes de l’illustre Pierre Lotiche ont été apportés ici. Il en manque encore quelques-uns, qui se trouvent dispersés, les livres des Élégies ayant été composés séparément. J’ignore s’ils se trouveront dans un autre petit livre qui fera suite. Mais je pense que Camerarius en prendra soin, s’il survient quelque chose.

Les affaires de France sont assez tranquilles maintenant, depuis que le Roi est délivré de ses tuteurs. Hubert s’est trouvé à Paris, il y a deux mois, et il y est encore à présent dans la maison du typographe Wechel, ainsi que me l’a conté ce même Wechel en revenant de Francfort. L’Angleterre brûle de faire la guerre contre