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BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE

XXXIII

À Jean Craton de Kraftheim, à Breslau.


S. P. — L’Empereur avait promis, avant son départ, de faire le nécessaire pour je reçusse sous peu mes émoluments : il est parti ; rien n’est fait. Et comme il a été remis quelque argent à la plupart des autres personnes, il ne ma été donné aucune raison. Dodoens a reçu trois cents… il aura le reste par Cray dans un certain temps : ses émoluments doivent courir jusqu’à la fin ; il partira avec sa famille le 11 de ce mois. Dieu favorise son voyage !

On dit que l’Empereur doit revenir sous peu. Cependant je projette, la semaine prochaine, de me rendre à Presbourg, pour essayer d’y obtenir quelque chose. Cela m’afflige vraiment d’employer la plus grande partie de mon temps et de le perdre à l’observation des hommes, quand j’aimerais mieux l’utiliser à la description de mes propres observations. Je n’ai rien appris d’Ortell : j’estimais qu’il devait être à Anvers ; mais puisque tu crois qu’il peut être en Italie, j’envoie tes lettres à Pinelli[1] pour qu’il en ait soin. Car je n’ai ici personne à qui je puisse mieux confier ces lettres et plus sûrement.

Cette rumeur du soulèvement des Napolitains s’est évanouie. Plût à Dieu qu’elle fût vraie ! nous aurions eu l’espoir de voir apporter quelque accommodement. Malgré que le Roi ait cette feinte de tout conduire par ses ordres, il est nécessaire que ses ministres reconnaissent maintenant le mal qu’ils ont fait, à moins qu’ils ne manquent tout à fait de sens commun. La nécessité enfin les force à secouer leur apathie et à suivre sérieusement de bons conseils, s’ils ne préfèrent se perdre entièrement[2]. Que Dieu leur

  1. Jean Vincent Pinelli, ami et correspondant de Charles de l’Escluse.
  2. On sait que, quelques années plus tard, Philippe II devait être déchu de sa souveraineté sur les Pays-Bas du Nord.