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DE CHARLES DE L'ESCLUSE

accorde un esprit sain et nous délivre de la féroce tyrannie des Espagnols !

Ce que tu m’écris de Plantin m’étonne on ne peut plus : je connais son esprit modeste et étranger à toute médisance. Si l’on a dit quelque chose de semblable sur le marché, je soupçonne que cela provient plutôt de son gendre que de Plantin lui-même, car ce dernier n’était pas, je crois, au précédent Marché de Francfort, ses forces affaiblies ne pouvant lui permettre de supporter les fatigues des longs voyages. Quiconque cependant a pu dire cela, que ce soit Plantin lui-même ou bien son gendre, a agi tout à fait incivilement, pour ne pas dire arrogamment et injurieusement.

Adieu, illustre Craton. Porte-toi bien, ainsi que les tiens. Veuille leur présenter mes salutations, ainsi qu’à Monave.

Vienne, 15 Mars 1578. Ton bien dévoué Car. Clusius.


XXXIV

À Jean Craton de Kraftheim, à Breslau.


S. P. — Illustre Craton, de retour de la Hongrie, de chez le Seigneur de Batthyan[1], j’ai trouvé tes lettres. J’apprends avec grande peine que tu aies été si longtemps en proie à la maladie, et je ne puis assez m’étonner que tu sois resté ainsi abandonné par les amis et les compatriotes. Je te souhaite une santé robuste, ce qui te permettra de venir trouver l’Empereur qui, ainsi que je l’ai appris, doit quitter Prague sous peu. Il se purge à présent, dit-on, avec une décoction de racine de Carça, et ne mange pas en public, ce qui me cause une grande inquiétude au sujet de la remise de

  1. Balthasar de Batthyan, Sénéchal de Hongrie.