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DE CHARLES DE L’ESCLUSE

nous intercalons ici, donnent des détails sur les difficultés que rencontrait l’impression de cet ouvrage. Elles nous initient en même temps aux procédés employés pour la typographie à cette époque, où l’art de l’imprimerie avait déjà fait de si grands progrès, et nous font connaître également certaines particularités de l’existence de notre malheureux savant.


Première lettre.


Monsieur Mourentorf[1], j’ay receu mardy dernier vostre lettre du 17 de ce mois, fort marry d’entendre par icelle le trespas de votre belle mère, toutes fois veu l’âge qu’elle avoit, je l’estime heureuse d’estre retirée de ce monde en ce misérable temps. Quant aux six pourtrais[2] j’y trouve à redire, veu qu’on a suivy trop fidèlement la copie que j’en avoye envoyé : et entre icelles y a une espèce d’Anemone, a laquelle on a donné un mesme feuillage et mesme racine, qu’à deux autres précédentes que j’ay receu, contre le naturel : car je scay bien qu’aux pourtraicts que j’ay envoyé les fueilles et racines ont esté diverses. Parquoy si le trouvez bon, il vaudra mieux que le reste des figures qui sont à faire soit icy paindt sur les planches de bois, par un paintre qui travaille fort bien, et auquel je peux déclarer de bouche mon intention et luy monstrer ce qu’il faut qu’il suyve, auquel en ay faict paindre sur papier avec les couleurs par un autre pour les vous envoyer, à fin de les tirer pardela puis apres sur planches de bois, pour les bailler au tailleur[3] qui reviendroit à plus grande depense : car nulle de celles

  1. Mourentorf, de son nom latinisé Moretus, gendre et successeur de Plantin.
  2. Dessins ou figures de plantes.
  3. Graveur sur bois.