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LES PERSES

Strophe V.

Aussi mon cœur en deuil saigne, déchiré par la crainte. — Ah, ah, l’armée des Perses ! — Si, dans la grande Suse dépeuplée, ce cri sombre allait retentir.

Antistrophe V.

Si le cri de Kissia allait faire écho à ces plaintes, ah, ah, et si les femmes allaient gémir en troupe désolée, lacérant leurs voiles de lin.

Strophe VI.

Le peuple entier, cavaliers, fantassins, avec le chef qui le conduit, a disparu comme un essaim d’abeilles ; il a franchi le double promontoire qui dans les flots prolonge les deux terres.

Antistrophe VI.

Les lits, partout, sont inondés de larmes : les hommes aimés sont partis, et les femmes sont malades de désespoir ; loin des époux qu’enivrent les batailles, solitaires, elles pleurent d’amour.

LE CORYPHÉE

Allons, Perses, nous qui gardons l’antique demeure, ayons des soucis graves et des méditations profondes : c’est un soin qui nous incombe. Quel est le sort de Xerxès, fils de Daréios, et qui porte, comme nous, le nom de la race de Persée ? Est-ce le vol de la flèche qui a vaincu, ou la force de la lance au fer acéré ?

Du palais sortent des femmes. Puis la reine ATOSSA paraît. Elle est couchée sur une litière que portent quatre esclaves. Des suivantes l’abritent du soleil ou l’éventent.

Mais voici que, brillante comme l’œil des Dieux, s’avance la Lumière, la mère du Roi, notre Reine. Prosternons-nous. Et il faut que tous l’accueillent de paroles respectueuses.