Page:Eschyle - Les Perses, 1896, trad. Herold.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
LES PERSES

ATOSSA

… a pu atteindre le pont qui joint les deux terres.

L’OMBRE DE DARÉIOS

Est-il en ce pays sain et sauf ? Cela est-il certain ?

ATOSSA

Oui, c’est une nouvelle sûre, le doute n’est pas possible.

L’OMBRE DE DARÉIOS

Hélas, les faits ont suivi de bien près les oracles ; c’est contre mon fils même que Zeus a accompli les divines prédictions, et moi j’espérais que, longtemps encore, les Dieux retarderaient l’événement fatal : mais quand un homme aide les oracles à s’accomplir, la divinité aussi est là, qui le pousse. Maintenant, voici qu’une source de maux a jailli pour tous ceux qui me sont chers, et mon fils, aveuglé, a tout perdu par sa jeune audace, lui qui espéra entraver comme un esclave l’Hellespont sacré, qui pensa arrêter le cours du divin fleuve Bosphore, lui qui changea l’aspect du détroit, et qui, sur des chaînes martelées, jeta une large route pour une large armée ; mortel, il croyait l’emporter sur tous les Dieux, dans sa folie, il croyait vaincre Poseidôn. Comment mon fils aurait-il fait tout cela, s’il n’avait pas eu l’esprit malade de démence ? Je crains que mes richesses, amassées à grand peine, ne deviennent la proie du premier venu.

ATOSSA

Il s’est entouré de mauvais hommes, l’impétueux Xerxès, et voilà ce qu’on lui a conseillé. On lui a dit que, toi, tu avais conquis, dans la guerre, de grandes richesses