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LES PERSES

à tes enfants, et que lui, par lâcheté, ne se plaisait qu’à des guerres de palais, et n’ajoutait rien à la puissance paternelle. À force de s’entendre ainsi blâmer par les mauvais hommes, il décida de construire le chemin sur la mer, et de faire une expédition contre l’Hellas.

L’OMBRE DE DARÉIOS

Ainsi, c’est par eux que s’est accomplie cette œuvre inouïe, et qu’on n’oubliera jamais. Un tel désastre n’avait pas dépeuplé la ville de Suse, depuis le jour où Zeus lui accorda cet honneur que son roi devint le maître unique de la féconde Asie tout entière, celui qui tient le sceptre suprême. Mèdos fut le premier qui commanda l’armée. Un autre, son fils, acheva son œuvre, car il se laissa gouverner par la raison. Le troisième vint Kyros, homme bienheureux ! Il établit la paix pour tous ceux qui lui étaient chers, il conquit le peuple des Lydiens et celui des Phrygiens, et, par la force, il dompta toute l’Ionie. Les Dieux ne le haïrent pas, car il était né plein de sagesse. Le fils de Kyros, le quatrième, fut chef de l’armée. Le cinquième, régna Mardis, honte de la patrie et du trône antique : celui-là, le brave Artaphrénès et ses compagnons le tuèrent par ruse dans le palais, comme ils avaient juré. Et moi aussi, j’obtins la destinée que je voulais, et je menai à de grandes guerres une grande armée : mais jamais je n’infligeai pareil désastre au royaume. Xerxès, mon fils, est jeune, sa pensée est jeune, et il ne se rappelle pas mes conseils, car sachez bien ceci, ô mes compagnons d’âge : nous tous, qui avons eu la puissance souveraine, nous n’avons jamais attiré de tels maux sur la Perse.

LE CORYPHÉE

Ô Roi Daréios, où tendent enfin tes paroles ? Com-