Page:Esope trad Corrozet.djvu/281

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vied'esope 261

en adoption, fut contraint de se cacher long temps en un sepulchre. En ces entrefaictes, Nectenabo,roy d'Egypte, envoya un énigme à Lycurgus, qui estoit tel : c'est qu'il vouloit édifier une tour, qui ne tou- cheroit ciel ny terre. Pour interpreter cest énigme, Esope fut demandé, lequel sortit hors du sepulchre, dont le roy eut grand'joye et plaisir, lequel donna lettres de pardon et grace au fils adoptif dudit P2sope, dont avons parlé cy dessus. Puis après le roy Lycurgus donna la lettre de Nectenabo à Esope, pour la lire; et quand il l'eut leuë, il entendit incon- tinent la solution de la question, et se print à rire, et dit au roy Lycurgus qu'il escrivist à Nectenabo que, quand l'hyver seroit passé, il luy envoyeroit des ouvriers qui luy bastiroyent sa tour, et aussi un homme qui respondroit à toutes ses demandes. Après ce, Lycurgus renvoya les ambassadeurs d'Egypte, et redonna à Esope toute sa premiere administration, et lui rendit Ennus et tout son bien. Or, Esope receut benignement Ennus, et ne le contrista en rien, mais le traita derechef comme son propre fils, et entre autres choses l'enhortoit ainsi: « Mon fils, ayme Dieu sur toutes choses, honnore le roy, monstre toy terrible à tes ennemis, à celle fin qu'ils ne te mesprisent. Sois à tes amis privé, affable et bénin, afin qu'ils soyent enclins à te bien vouloir. Rejette toute parole légère; sois sobre de ta langue; n'aye honte d'apprendre tousjours; ne dy jamais ton secret à ta femme, car elle cherche tousjours le moyen pour estre ta maistresse. Amasse chacun jour pour le lendemain, car il vaut mieux en mourant délaisser à ses ennemis, qu'estant en vie avoir besoin

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