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Je te voudrais une colonne
D’où, regardant dans l’avenir,
Tu lèverais une couronne
Sur le peuple qui doit venir :
Pour que de ce faîte sublime
Tu pusses, penché vers l’abîme,
De Napoléon sur sa cîme
Voir en face la majesté :
Pour que, comparant vos victoires,
Pour qu’unissant vos deux mémoires,
La France vît toutes ses gloires
Aux deux coins de notre cité !

Mais il faut traverser la tombe
Avant d’en sortir immortel ;
Ce n’est que quand un héros tombe
Que le temps lui dresse un autel :
Vivant, la tempête profonde
Pour lui trouble le ciel et l’onde ;
Mort, son ombre envahit le monde.
Sur sa colonne, sans affront,
Comme un fantastique prophète,
Dans le calme ou dans la tempête
Il porte, sans baisser la tête,
Le ciel qui pèse sur son front.