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la ménagerie.

huit mille ans de travail et d’efforts continus, nous remonterons sans peine à un temps où l’homme n’étendait sur les animaux et en particulier sur le chien qu’une très faible domination. L’état sauvage nous présente le même caractère. Nous verrions de la sorte dans le chien arraché aux peuplades errantes de l’Afrique par nos voyagers, un sauvage lui-même, un demi-chacal, à peine associé aux premiers travaux de l’homme. Plus loin, nous l’apercevrions, se dépouillant par degrés de son état originel, sortir de la nature sous l’action de son maître, et marcher d’un pas égal au sien vers une domesticité, ou, si l’on aime mieux, vers une civilisation plus grande. Enfin, apparaîtrait ce même animal dans l’état de nos sociétés modernes, le premier de la maison après l’homme, l’auxiliaire de la puissance humaine sur les autres animaux. Dans chacun de ces états se montrerait une organisation conforme à ses instincts. Nous verrions les individus provenant de peuplades sauvages ou demi-civilisées ne dessiner encore que l’ébauche du chien, semblable dans leur configuration douteuse à ces êtres antédiluviens dont l’image fossile présente comme l’essai des animaux aujourd’hui vivant à la surface du globe. Peu-à-peu cette esquisse se dégagerait, et en suivant ce travail l’œil verrait se former par degrés, dans un espace de temps resseré par la main de l’homme, les progrès que la durée des siècles a créés très anciennement chez tous les peuples de la terre. Ces changemens, contractés par l’habitude dans les mœurs des animaux sauvages, deviennent si sensibles à la longue, que les naturalistes constatent sur la tête du chien