Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/233

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j’observe. Vos travaux de description sont dans la science des travaux de premier âge. Vous ressemblez à un architecte qui aurait sous la main des pierres toutes taillées et qui négligerait de les coordonner en un système d’édifice. L’histoire naturelle est assez riche de matériaux, le moment est venu de les utiliser : construisons !

Nous ne suivrons pas plus loin nos deux chefs de file dans ce grand duel d’idées. Toute l’école française se divise entre la double direction que nous venons de voir représentée. Peut-être cet antagonisme est-il maintenant favorable au progrès des sciences naturelles. La description des formes est utile sans doute : par la forme l’animal exprime à lui-même et aux autres tout ce qu’il est. Il faut donc reconnaître une valeur très certaine aux travaux de M. Blainville pour déterminer les caractères de l’être sur les lois de l’organisation. Nous devons surtout applaudir aux efforts intellectuels d’un grand philosophe moderne, qui cherche à retrouver la forme divine, empreinte sur tous les êtres de la création. L’école des analogies tout en donnant moins d’attention à la forme, qu’elle regarde comme variable et secondaire, ouvre d’un autre côté l’horizon à un ordre de faits jusqu’ici négligés. Elle nous montre, avec saint Augustin, la nature amoureuse de l’unité, natura appetit unitatem. Une intention a été donnée par elle à des organes rudimentaires qu’on avait délaissés ; d’autres organes, dont l’ancienne école ne soupçonnait pas l’existence, ont paru pour la première fois à la lumière de l’anatomie. Ces deux directions opposées, à la tête des-