Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/406

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forces primitives. La phrénologie pourrait donc bien être destinée à demeurer une science individuelle : il existe des phrénologues lucides, comme il y a des somnambules lucides. C’est un don de grâce, une seconde vue. Ceux qui en sont privés augurent au moyen des lumières que leur fournit l’étude des têtes de plâtre, mais cette divination factice ne supplée jamais à l’instinct naturel. La science de Gall exige, comme celle de Mesmer, une véritable foi chez ceux qui l’embrassent. Cette foi n’est elle-même que la faculté dévolue à certains, refusée à d’autres, de saisir les rapports entre les formes de la tête et les caractères qu’elles expriment.

Parmi les détracteurs intéressés du système de Gall, outre l’absence du sens phrénologique, plusieurs n’ont d’autre motif d’incrédulité que leur propre ignorance et leur maladresse. On en trouve encore qui se déclarent dans le monde les adversaires aveugles et inflexibles de la phrénologie par des raisons secrètes d’amour-propre. On a dit que Gall avait inventé son système des facultés organiques, parce qu’il avait la tête vaste et haute : il serait non moins juste de dire que d’autres combattent ce système, parce qu’ils ont la tête étroite et basse. Un homme du monde, très pauvrement organisé, célèbre par d’anciennes bonnes fortunes, maître déjà émérite aux jeux de l’amour et du hasard, affichait, un jour, la prétention d’étudier le système de Gall. Il avait entendu parler à un de ses amis de faits extraordinaires. Notre papillon éventé, qui grillait d’apporter sa tête vide à la lumière de la science, n’attendait plus que cette