Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/407

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épreuve, nous disait-il, pour se ranger au nombre des disciples de Gall. Un médecin phrénologue, homme de mérite, devait lui toucher le crâne et tirer l’horoscope de ses facultés. Nous pensâmes que si l’on ne flattait pas le portrait moral de notre individu, le système de Gall et de Spurzheim courait grand risque d’avoir tort à ses yeux. Ce que nous avions pensé arriva. L’ayant rencontré plus tard dans le monde, nous lui demandâmes des nouvelles de la phrénologie : « Chimère, nous répondit-il ; charlatanisme ! mensonge ! Je ne comprends pas comment on peut croire à ces rêveries-là. » La phrénologie avait vu trop clair.

Le mouvement de la science, qui la renouvelle sans cesse, imprimera sans doute à la découverte de Gall de nombreuses modifications ; peut-être même la transformera-t-il tout entière ; mais, quoi qu’il arrive, son principe, restera. Ceux qui soutiennent que l’intelligence n’a aucune marque visible dans la conformation de la tête manquent à coup sûr du sens observateur. Dieu n’a pas jeté dans le même moule le cerveau de l’homme de génie et celui de l’idiot. Pour peu qu’on regarde autour de soi, on est frappé de la différence des crânes humains, aussi dissemblables entre eux que le sont les feuilles des bois. Or la nature, économe de ses peines, quoique si riche en créations innombrables, ne produit guère de formes spéciales sans y attacher une fonction particulière. Elle emploie bien à la construction de la tête chez tous les individus les mêmes matériaux ; mais sa féconde main les arrange selon des variétés inépuisa-