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INTRODUCTION
III


vés en présence d’un labeur moins ingrat ni moins disproportionné à leurs seules forces. Quelques générations de savants ont suffi cependant sinon à élucider toutes les questions de détail de l’histoire de la France gallo-romaine et féodale, du moins à faire connaître cette histoire dans son ensemble, à la jalonner pour ainsi dire et à en rendre l’étude claire et attrayante aux chercheurs. Bien plus, en créant pour le moyen âge des instruments de travail connus de tous, ceux qui ont été nos maîtres nous ont donné plus que des guides : nous leur devons d’abord l’exemple de l’abnégation qui donne au vrai savant le courage de préférer l’œuvre utile, fût-elle ignorée, ou même méconnue, à la séduction des succès faciles et des vulgarisations lucratives. Nous leur devons surtout la méthode scientifique, perfectionnée par eux et universellement adoptée pour l’étude de l’antiquité ou du moyen âge, mais qui doit avec une égale rigueur être appliquée à l’histoire des temps modernes.

On ne saurait en effet trop combattre le préjugé qui veut que cette histoire puisse se passer d’une méthode rigoureuse et d’un appareil scientifique. L’histoire est une : quel que soit son objet, elle n’en demeure pas moins une science par ses procédés de recherche ; quelle que soit la forme artistique que l’on prétende devoir donner à l’exposé •des résultats acquis, l’investigation ne saurait souffrir de différences essentielles suivant les époques sur lesquelles elle porte. Dans tous les domaines, la méthode qui s’impose à l’historien sera constante : c’est celle du raisonnement humain, constant lui-même, et qui s’applique en l’espèce à des objets invariables : les monuments de la vie humaine.