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INTRODUCTION
V


ces deux ordres. Suivant l’objet de son étude, leur nombre pourra varier beaucoup, leur proportion quelque peu, leur nature jamais : les civilisations primitives se distinguent en effet par la prédominance des documents épigraphiques ; les civilisations transitoires ou médiévales ont en propre le type annales ; les civilisations avancées voient apparaître les mémoires et se développer la correspondance. Or les trois premiers de ces types de documents sont évidemment des sources narratives. Quant à la correspondance, elle présente un caractère mixte : une lettre est un document diplomatique pour les faits qui déterminent son envoi et pour les institutions ou les personnages dont elle émane ou auxquels elle s’adresse ; c’est une source narrative pour les faits que l’on y trouve rapportés, ainsi que pour les événements, les hommes ou les institutions sur lesquelles elle renferme des appréciations privées ou même officielles[1]. La correspondance ne saurait donc constituer un genre à part, car la critique doit user d’elle avec la même méthode que des autres documents diplomatiques ou narratifs.

Or quel que soit le genre d’étude abordé par l’historien, cette méthode immuable l’obligera toujours : 1o à faire une recherche aussi étendue que possible des documents de tout ordre qui peuvent être de près ou de loin relatifs à son sujet ; 2o à établir pour chacun de ces documents, reconnus authentiques, un texte critique, c’est-à dire exact et complet; 3o à déterminer la valeur relative des documents

  1. La correspondance est loin d’avoir seule ce caractère mixte. Tout de même des documents du caractère le plus incontestablement diplomatique dans leur ensemble, les chartes du Moyen Age, ont souvent des parties narratives, telles que leur préambule, dont les assertions et les jugements doivent être soumis à la critique la plus rigoureuse.