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INTRODUCTION
VI

ainsi mis à pied d’œuvre au point de vue de leur utilisation définitive dans l’histoire. Tout à la fois réelle, c’est-à-dire portant sur le texte même et sur les faits qui ont pu le modifier, et personnelle, c’est-à-dire portant sur l’auteur du texte reconnu bon ou suffisant et sur les circonstances morales où le texte a été composé, cette double critique aura plus ou moins l’un ou l’autre caractère suivant qu’elle portera sur des sources narratives ou diplomatiques : elle ne s’en exercera pas moins de la même façon quelle que soit la date des documents à mettre en œuvre.

Pour les sources diplomatiques de toutes les époques il suffira le plus souvent de déterminer l’authenticité des documents retrouvés, d’établir leur date et parfois d’interpréter leur portée. Les sources narratives, outre cette même critique d’authenticité, comportent une étude spéciale du texte et de l’auteur : du texte, parce que les différentes rédactions qu’on en peut trouver peuvent révéler des variations importantes d’opinion, d’information ou de sincérité chez l’auteur ou les éditeurs ; de l’auteur, parce que son caractère et la vie qu’il a menée déterminent à la fois sa compétence et sa partialité. Quelle que soit donc la source narrative qu’ait à utiliser l’historien, il devra se poser au préalable, avec la même rigueur, les questions suivantes : 1° dans quelle mesure l’auteur connaissait-il les faits qu’il rapporte ? (sa vie le mettait-elle à même de savoir ? sa personnalité le rendait-elle capable de comprendre ?) ; 2° dans quelle mesure l’auteur altérait-il les faits connus ? (dans quel sens était-il informé ? dans quel sens déformait-il ses informations ?). Il est en effet de toute évidence que, dans les sciences historiques, l’impartialité d’un homme