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INTRODUCTION
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même, moins des guides pour le travailleur que les inutiles témoins d’un immense labeur en grande partie perdu[1]. Mais si l’histoire coloniale a déjà suscité des érudits courageux, aucun ouvrage purement critique n’a encore été publié sur ce domaine. Or, pour appliquer à l’historiographie d’une quelconque des colonies françaises les principes de la méthode historique, il est évidemment nécessaire de rechercher d’abord toutes les sources de l’histoire de cette colonie, de les coordonner et de les critiquer. Un semblable travail aura donc pour division naturelle celle des sources elles-mêmes, narratives et diplomatiques. Mais il y a lieu d’annexer ici au premier de ces deux groupes quelques éléments d’information d’un ordre particulier : je les nommerai les sources descriptives . — Je n’ai pas à revenir ici sur l’importance du rôle de la géographie dans l’histoire. Le premier devoir de l’historien est assurément de bien connaître le pays même où se déroulent les événenements qu’il rapporte, d’en étudier le sol et le climat, les ressources de son terroir et le tempérament de ses habitants. J’ajouterai même que, si pour l’histoire de l’antiquité classique ou pour l’histoire médiévale et moderne de l’Europe le théâtre des événements est suffisamment connu de tout homme cultivé, il n’en est pas toujours de même pour les pays lointains où évolue l’histoire des colonies européennes : le plus souvent en effet les conditions matérielles de la vie s’y trouvent si profondément modifiées pour l’Européen que l’historien ne saurait trop se mettre en garde contre une tendance très naturelle à juger les faits, les

  1. J’aurai à revenir plusieurs fois sur cette collection.