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XI
INTRODUCTION

institutions et les hommes de ces contrées du même point de vue que s’il étudiait encore les choses de l’Europe ; plus que pour toute autre œuvre historique s’impose donc ici une étude approfondie des pays eux-mêmes où s’implantèrent les immigrants venus de nos climats. Mais de ces vérités il serait excessif de conclure à la nécessité de faire de l’histoire des pays exotiques une annexe des sciences géographiques, improprement dénommée géographie historique. La confusion des études géographiques et historiques a fait trop de mal aux unes et aux autres pour qu’il ne soit pas superflu de rappeler ici qu’elles doivent rester nettement distinctes par leur objet, comme elles le sont par leurs procédés, leur personnel et leur outillage. Il est un point cependant où des documents géographiques peuvent devenir utilisables par l’historien au même titre que des sources narratives, c’est quand la période étudiée dans l’histoire d’un pays confine à celle même de sa découverte. De même que l’étude de la toponomastie est d’un précieux secours à l’historien de l’antiquité ou du moyen âge, de même celle des descriptions et des cartes anciennes des colonies permet de jalonner les origines de leur histoire. En effet, la chronologie des descriptions suffit à mettre en lumière la chronologie des découvertes, et l’évolution de la connaissance des pays colonisés par le peuple colonisateur n’est en somme que la période préparatoire dans l’histoire de leur colonisation. — Mais il y a plus et les documents purement géographiques ne sont pas dans l’histoire coloniale les seules sources descriptives où l’on doive puiser : les traités composés à différentes dates sur le climat, les productions, les indigènes des colonies ont une