Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/221

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suite : c’était des curés à l’ancienne mode, de bons vivants qui n’allaient pas chercher midi à quatorze heures, et touchaient leur troupeau vers le paradis sans s’embarrasser du Sacré-Cœur, ni de l’Immaculée-Conception, ni de l’infaillibilité du pape. Sans doute, il y en avait bien qui faisaient jaser les gens pour aimer un petit peu trop l’eau bénite de cave, ou avoir deux chambrières de vingt-cinq ans pour une de cinquante, ou encore quelque nièce ; malgré ça ils valaient autant ou mieux que d’aucuns d’aujourd’hui qui baptisent leur vin et ont de vieilles servantes, mais qui sont bilieux, haineux, hypocrites, intrigants, avares, et vont chercher chez leurs paroissiennes, ce qui leur manque au logis.

Mais après tout, ça m’est égal : celui-là qui passe en couleur les mongettes ou haricots de coque, fera le tri si ça lui convient.

Tous les trois, Lina et son amie, nous regardions curieusement défiler cette multitude bigarrée qui s’engouffrait dans la chapelle. Les curés faisaient des détours pour éviter les tas de melons et les paniers, jetant çà et là un coup d’œil de côté sans tourner la tête, lorsque parmi cette foule pressée devant l’entrée ils reconnaissaient une gentille ouaille. Après eux, nous entrâmes dans la chapelle qui était bondée quoiqu’elle soit assez grande. On n’y voyait pas bien clair, car les fenêtres très étroites étaient solidement grillagées de barreaux de fer, de crainte des vo-