Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/437

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Sur les deux heures, au moment de repartir, le chevalier me dit :

— Tu sais, Jacquou, si jamais tu étais dans une passe à avoir besoin d’aide, fais-le-moi savoir.

— Grand merci, monsieur le chevalier, pour cette parole, et grand merci mille fois pour toutes vos bontés passées, desquelles je vous serai reconnaissant tant que j’aurai vie au corps. Ça n’est point probable que ça arrive, je suis trop petit pour ça, mais si, de mon côté, je pouvais vous être utile en quoi que ce soit, ce serait de bien bon cœur.

— Merci, mon Jacquou ! ça n’est pas de refus :


On a souvent besoin d’un plus petit que soi.

Allons, adieu, mes droles !

— Bonsoir, monsieur le chevalier, et bien de la santé nous vous désirons.

— Quel brave homme ! me disait ma femme en nous en allant, et qu’il est plaisant avec ses ricantaines et ses proverbes !

— Et si tu avais connu sa sœur, donc ! Celle-là, c’était une sainte. Pauvre demoiselle, qui m’a fait mes premières chemises quand je suis arrivé à Fanlac !… Je ne me consolerai jamais de n’avoir pas été à son enterrement !

Guère de temps après mon mariage, je compris que de travailler, par-ci, par-là, à la journée, gagnant quelques sous, chômant souvent,