Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/176

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mais elle possède assez de centaines de millions d’hommes pour que le moindre mouvement de sa part inquiète l’Europe et l’oblige à se tenir en armes. À l’autre extrémité de notre double continent, quels services n’eût-elle pas pu nous rendre à un instant donné ! Quels empêchements ne peut-elle pas créer à telle autre puissance plus rapprochée et plus apte à nous aider ! Ah ! que ceux qui ont réussi à nous mettre aux prises avec elle ne se sont-ils montrés mieux avisés !

Quoi qu’il en soit, combien il serait sage et digne, surtout de la part du gouvernement d’une nation démocratique, d’essayer, s’il en est temps encore, de s’inspirer à l’avenir, dans les rapports avec la nation chinoise, des faits que je viens de faire connaître relativement à la constitution réelle de son gouvernement. Combien de funestes mécomptes ne s’épargnerait-on pas ! S’imaginer que l’on a cause gagnée lorsque, le pistolet au poing, on a contraint les ministres chinois à souscrire un traité quelconque, est une idée tout à fait puérile et qui ferait sourire les ministres eux-mêmes si elle ne les faisait trembler. La vérité est qu’un traité ne signifie absolument rien si l’on n’a pris le soin d’en faire accepter l’esprit à la nation par ses lettrés. C’est près des docteurs de l’Académie des Hanlin, autant que près de l’Empereur, que nos ambassadeurs devraient s’accréditer eux-mêmes. J’ai déjà eu l’occasion de le dire : mes visites aux principaux