Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/235

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Sans finances, c’est trop dire ; mais enfin, excepté les revenus de l’impôt, ceux des douanes, du sel et des mines, qu’il se borne à distribuer après les avoir reçus, que lui reste-t-il à administrer ? Ni dette publique, ni emprunts, ni grand-livre, ni caisses d’épargne, ni monopoles, ni banques à contrôler, ni pensions à servir, à peine un personnel de trésoriers-payeurs généraux, — tel est le ministère des finances chinois. C’est plutôt un ministère de comptabilité, et c’est le nom qu’il devrait porter. La véritable administration des finances est entre les mains du peuple. Le grand-livre et les caisses d’épargne, c’est la terre. Chaque champ en est une page. Rien, à mon sens, ne témoigne d’une prospérité plus réelle. Ce qui, du moins, ne saurait être contesté, c’est qu’un peuple qui sait, à ce point, gouverner sa bourse, n’est ni apathique ni engourdi. Tel n’était cependant pas l’avis d’un jeune diplomate attaché à l’une des légations européennes de Pékin. A peine arrivé, il jugea la situation d’un coup d’œil, d’un coup d’œil d’aigle. Un gouvernement qui ne fait rien parce qu’il est sans finances, et un peuple qui n’avance pas parce qu’il n’a pas de gouvernement qui le fasse marcher ! Pauvre civilisation, somme toute. Aussitôt il se mit à l’œuvre, et, quelques jours après, il présenta au ministère chinois un docte et long mémoire où il prenait la peine de lui expliquer les ressources, les avantages et le mécanisme des emprunts d’État. On le remercia, et il n’en fut plus question ; mais un