Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/234

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pouvait plus se produire que d’une façon intensive. C’est alors que le peuple se substitua peu à peu au ministère de la population qui, de tout ce système, ne garde plus que la direction du personnel, dont les noms et les services ont été modifiés selon les besoins des temps. Les recensements, qui étaient une conséquence directe de ses fonctions, lui ont même été enlevés pour être réunis au ministère des finances. Cependant, telle est la considération dont la tradition continue à l’entourer, qu’il est resté le premier de tous les ministères et qu’il est regardé comme le plus important. Deux choses encore contribuent à maintenir cette opinion. La première, c’est qu’il est le dispensateur des emplois publics, lesquels, pour la grande majorité des lettrés, sont la consécration du talent, et auxquels ils aspirent. La seconde, c’est qu’aux yeux du peuple il est le grand justicier des fonctionnaires, et que c’est à lui que vont d’abord les plaintes des administrés.

Je disais, en parlant du ministère du commerce, que, selon les Chinois, on n’était jamais mieux gouverné que par soi-même. Je ne puis m’empêcher de le rappeler à propos du ministère des finances. On n’a jamais eu plus belle occasion de se répéter, ni meilleure excuse. Un État riche comme pas un, un territoire de près de 2,000 milliards de francs, sans compter les autres valeurs qu’il renferme ou qui le couvrent, et un gouvernement sans finances, voilà qui ne s’est jamais vu.