Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans sa carrière puisqu’il devint gouverneur de district Sa sœur allait se marier quand mon père eut quinze ans. À cette époque-là mon grand-père était loin d’être riche. Il cultivait en tout quinze meous, dont sept ou huit seulement lui appartenaient. Or, quinze meous ne produisaient pas alors autant qu’aujourd’hui. Songez que cela nous reporte à quatre-vingts ou quatre-vingt-dix ans en arrière. Les canaux que vous voyez n’étaient pas tous construits et la vallée était moins peuplée. Aussi la culture était plus difficile et rapportait moins. Lorsqu’on vit que le nombre des enfants croissait, on décida que les garçons apprendraient des métiers et qu’ils iraient à la ville chercher le moyen d’augmenter le bien-être commun. Ce fut mon père qui commença. Il avait déjà six frères ou sœurs plus jeunes que lui. Il voulut être charpentier. On paya son apprentissage pendant trois ans ; on subvint à ses besoins tant qu’il ne put y suffire lui-même. Mais il gagna bientôt assez pour faire quelques économies, qu’il rapportait fidèlement à la maison en y venant aux réunions de quinzaine. Trois autres garçons suivirent son exemple. Avec leurs épargnes, mon grand-père arrondissait son champ, en reculait les limites, et dès qu’il pouvait donner de l’emploi à l’un d’eux, il le rappelait. Un seul, le plus jeune, est resté à Fou-Tcheou. C’est un des forts marchands de la ville. Il ne manque pas de venir aux anniversaires, et quand il quittera les affaires pour les laisser à deux de ses fils, ce qui ne peut tarder, c’est ici qu’il reviendra.