Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/279

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de quatorze enfants ; il en avait déjà lui-même quand le grand-père mourut ; mais ses jeunes frères et sœurs n’étaient pas encore tous en âge de s’établir. Il était donc impossible de rompre la communauté : l’on n’y songea même pas. Les choses restèrent en l’état sous la présidence du frère aîné, la grand’mère étant morte peu de temps après son mari. On continua à habiter sous le même toit, à manger pour ainsi dire à la même table. C’était plus économique ; puis l’éducation des petits était plus facile. Je commençais à grandir alors et je me souviens de tout cela comme d’hier. Deux de mes tantes étaient mariées ; on ne les voyait guère qu’à l’époque du nouvel an où elles venaient, avec leurs enfants, passer trois ou quatre jours au milieu de nous. Mon oncle, le lettré, occupait dans une autre province un emploi assez lucratif pour qu’il pût ne réclamer qu’une partie du produit de son héritage, et il laissait le reste à la communauté. Il restait donc encore à la maison cinq filles et six garçons, dont quatre étaient mariés et avaient neuf enfants. Cela faisait vingt-quatre personnes, auxquelles il faut ajouter quatre serviteurs à l’année ; trois hommes pour les travaux des champs et une femme pour aider à ceux de l’intérieur. Tant que dura la communauté, nous vécûmes dans une grande aisance avec les quatre-vingts meous de terre que nous possédions. Mais lorsque mes tantes furent mariées et que le plus jeune de mes oncles se fixa à Fou-Tcheou, cela changea. Ce dernier,