Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/315

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ne serais pas étonné qu’il fût plus grand relativement que celui des bœufs et des chevaux en France, puisque l’on peut compter qu’en moyenne un buffle est nécessaire pour le labourage et l’irrigation de trois hectares de terre[1]. Ce fait qui paraît, au premier abord, inconciliable avec l’absence de pâturages, s’explique très bien au contraire par la petite culture ; on le verra tout à l’heure. En attendant, il permet d’affirmer que sans modifier son régime agricole, la Chine pourrait, si elle le voulait, entretenir beaucoup plus d’animaux de boucherie qu’elle n’en a. Si cependant elle y a renoncé, c’est, en premier lieu, que l’équivalent alimentaire du riz ou du blé coûte beaucoup plus à produire en viande qu’en n’importe quel produit végétal[2] ; c’est ensuite que les Chinois ne sont pas aussi convaincus que nous de l’absolue nécessité d’une nourriture fortement animalisée ; c’est, enfin, qu’ils ont su, par la culture bien entendue de leurs cours d’eau et par l’élevage en grand du porc et des volailles, plus économique que celui du bœuf, se procurer la quantité indispensable. Il faut dire aussi que les rizières constituant la partie la plus étendue de leur agriculture, l’animal de force qui s’imposait à leur choix est le buffle dont la chair est peu comestible.

  1. À ce compte-là, la population bovine pourrait être en France de plus de 16 millions de têtes, si la petite culture y était pratiquée. Elle n’est que de 13 millions.
  2. Rapport de M. Eug. Tisserand, Directeur de l’agriculture au Ministère de l’agriculture sur l’Exposition universelle de Vienne, en 1873.