Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/316

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Une dernière raison qu’il serait injuste de passer sous silence, c’est leur respect et leur attachement pour les animaux qui contribuent à leur labeur. Ils ne les abattent que très rarement. Ils les soignent mieux qu’on ne le fait en Europe ; ils les traitent avec plus de douceur, et cela leur est d’autant plus facile et naturel que chaque famille n’a qu’un buffle ou un bœuf. On le regarde comme un ami, et il témoigne sa reconnaissance à sa manière, en rendant plus de travail. La suppression des pâturages reste donc bien un avantage sans aucun inconvénient. Il ne faut point lui imputer le défaut de viande de boucherie dans l’alimentation des Chinois, puisqu’au contraire elle pourrait les aider à en augmenter la production, s’ils n’avaient pas d’autres motifs de s’en passer, et de nombreux moyens d’y suppléer[1].

La petite culture a eu, en Chine, un mérite non moins important que la suppression des pâturages. Elle a permis d’introduire sur le territoire une variété et une qualité de récoltes absolument impossibles avec la grande culture, chacune d’elles se faisant avec des procédés et en des temps différents, et exigeant souvent des soins manuels exclus de la grande culture. Pour la superficie

  1. On ne veut parler ici que des grands animaux de boucherie. Les moutons, exclus de certaines provinces, se retrouvent dans d’autres où les montagnes leur réservent encore quelques pâturages. Ils en élèvent aussi au piquet ou à l’étable, mais rarement. Le mouton ne se prête pas aussi bien que le bœuf à ce genre d’élevage. En outre, il ne convient pas dans les contrées plates et chaudes du Midi, et sa chair est réputée malsaine pendant l’été.