Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/63

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les plus lointaines, âme errante dès cette vie, subir toutes les injures, tous les traitements, toutes les souffrances de l’exil ; indifférent à tout, si ce n’est, au moins chez la plupart des immigrants qui arrivent en Amérique ou en Europe, si ce n’est, dis-je, à la pensée fixe d’obtenir par le travail sa réhabilitation. C’est parmi ces excommuniés que se recrute, en effet, la presque totalité de l’immigration chinoise dans toute la portion du globe qui n’est pas comprise entre le Tibet, la mer et la Grande Muraille. On estime à 130,000 le nombre des Chinois qui quittent annuellement la Chine ainsi limitée, et à 50,000 le nombre de ceux qui y rentrent. En admettant ces chiffres, on voit que la proportion des réhabilités serait assez grande. Beaucoup meurent cependant sans avoir obtenu leur réintégration, beaucoup peut-être sans l’avoir méritée ; mais il en est qui, convaincus du pardon des leurs, et trop malheureux à l’étranger, se donnent la mort pour rentrer plus vite au sein de leur famille éternelle.

J’arrive maintenant à la situation du père, de la mère et des enfants dans la famille. A l’origine, le pouvoir du père de famille était excessivement étendu. De même qu’à Rome, le père avait droit de vie ou de mort. Sous la dynastie des Thang, vers l’an 600 avant notre ère, il en était encore ainsi. Cependant, dès cette époque même, on trouve à côté des lois qui consacrent le pouvoir paternel d’autres lois qui le mitigent. On punit les parents dont les enfants sont morts par suite de mauvais traitements. Dans tous les cas, ce temps n’existe plus. Dès