Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/125

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ÉLEKTRA.

Nous allons mourir ! Se peut-il que nous ne déplorions pas nos maux ? La chère vie est une chose digne d’être pleurée, en effet, pour tous les mortels.

ORESTÈS.

Ce jour est maître de nous ; il faut préparer les lacets ou aiguiser l’épée de notre propre main.

ÉLEKTRA.

Frère, tue-moi donc, afin qu’aucun des Argiens ne me tue, en outrageant ainsi la race d’Agamemnôn.

ORESTÈS.

C’est assez du meurtre de ma mère. Je ne te tuerai point. Meurs de ta propre main, et comme tu le voudras.

ÉLEKTRA.

Soit ! Il ne manquera rien à ton épée. Mais je veux entourer ton cou de mes bras.

ORESTÈS.

Charme-toi de ce vain plaisir, si, toutefois, il est agréable d’entourer de ses bras ceux qui vont à la mort.

ÉLEKTRA.

Ô très cher, toi qui reçois de ta sœur ce désirable et très doux nom de frère, et qui n’as qu’une âme avec elle !

ORESTÈS.

Tu me feras pleurer. Oui ! je veux répondre à tes