Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/126

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caresses. Malheureux que je suis, pourquoi en rougirais-je ? Ô sein d’une sœur ! Ô embrassements chers ! Entre nous, malheureux, ces paroles doivent tenir lieu d’enfants et de lit nuptial !

ÉLEKTRA.

Hélas ! Qu’une même épée, s’il se peut, nous tue, et qu’un même tombeau de cèdre nous reçoive !

ORESTÈS.

Ceci serait très doux, mais tu vois comme nous sommes privés d’amis qui nous réunissent dans le tombeau. Le lâche Ménélaos, traître à mon père, n’a rien dit pour toi, n’a rien fait pour que tu ne meures pas, n’a pas même montré son œil ; mais, dans l’espoir du sceptre, il a craint de sauver ses amis. Allons ! mourons courageusement et dignes d’Agamemnôn. Pour moi, je prouverai à la Ville la bonté de ma race en me frappant de l’épée dans le foie. Il faut que tu oses faire comme moi. Et toi, Pyladès, préside à notre immolation ; puis, dispose nos cadavres comme il convient, et, nous portant au tombeau de notre père, ensevelis-nous ensemble. Salut ! Tu le vois, je vais faire ce que j’ai résolu.

PYLADÈS.

Arrête ! Je te blâme pour la première fois, si tu as espéré que je vive, toi mort.

ORESTÈS.

Pourquoi faut-il que tu meures avec moi ?