Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/185

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ÉTÉOKLÈS.

Mère, me voici. C’est pour te plaire que je suis venu. Que faut-il que je fasse ? Que quelqu’un commence à parler. J’ai cessé de ranger les citoyens et les lignes égales des troupes autour des murailles afin d’entendre de toi les propositions pour lesquelles j’ai permis que celui-ci vînt, sur la foi de la trêve, et que tu le reçusses dans les murs.

IOKASTÈ.

Arrête. La hâte n’amène pas toujours la justice, et les lentes paroles donnent lieu à de sages effets. Apaise ton œil farouche et ce souffle de colère. Tu ne vois pas, coupée à la gorge, la tête de Gorgô, mais ton frère qui est devant toi. Et toi, aussi, Polyneikès, en te tournant vers ton frère, tu parleras mieux et tu entendras mieux ses paroles. Je veux vous avertir sagement tous deux : quand un ami, irrité contre un ami, le rencontre et le regarde les yeux dans les yeux, il ne doit considérer que la chose pour laquelle il vient et ne se rappeler aucun des maux passés. La parole est à toi d’abord, fils Polyneikès, car tu as amené l’armée des Argiens, ayant souffert des injures, ainsi que tu le dis. Qu’un Dieu soit votre juge et vous réconcilie !

POLYNEIKÈS.

Le langage de la vérité est simple ; les choses justes se passent d’interprétations compliquées et pèsent de leur propre poids ; mais l’injustice, malade en elle-même, a besoin de remèdes subtils. Pour moi, j’ai considéré la demeure paternelle, mes intérêts et ceux de celui-ci. Voulant échapper aux imprécations qu’Oidipous a criées