Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/189

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ville, et plaise aux Dieux que cela n’arrive point, comment érigerais-tu des trophées de victoire ? Comment célébrerais-tu des sacrifices, ayant vaincu ta patrie ? Comment inscrirais-tu sur les dépouilles, aux bords de l’Isménos : — Polyneikès, ayant incendié Thèba, a consacré ces boucliers aux Dieux. — Qu’il ne t’arrive jamais, ô fils, de remporter une telle victoire sur les Hellènes ! Si, au contraire, tu es vaincu, et si celui-ci l’emporte, comment retourneras-tu dans Argos, laissant ici mille et mille morts ? Quelqu’un dira alors : — Oh ! quelles malheureuses fiançailles, Adrastos ! — Et il ajoutera : — À cause des noces d’une seule jeune fille, nous périssons ! — Tu tentes un double malheur, fils, d’être privé de tes biens, ou de tomber au milieu de tes alliés. Renoncez, renoncez à ces excès ! Des deux côtés le mal en est très cruel.

LE CHŒUR.

Ô Dieux, détournez ces malheurs et rendez la paix aux fils d’Oidipous !

ÉTÉOKLÈS.

Mère, il ne s’agit plus de lutter de paroles ; le temps passe inutilement, et ton zèle est vain. Je n’accepte, en effet, que les conditions que j’ai faites : que je possède le sceptre et que je sois roi de cette terre. Cesse donc tes longs avertissements. Et toi, sors de ces murailles, ou tu mourras !

POLYNEIKÈS.

Par qui ? Qui est assez invulnérable, ayant tiré l’épée mortelle contre moi, pour échapper à une mort égale ?