Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/320

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connaître à des médecins. Eh bien ! pourquoi te taire ? Il ne faut pas te taire, fille ! mais, plutôt, me blâmer si je parle mal, ou obéir à mes paroles, si elles sont bonnes. Dis quelque chose, regarde ici. Oh ! malheureuse que je suis ! Femmes, nous prenons d’inutiles peines, et nous sommes aussi loin du but qu’auparavant. Déjà, elle n’était pas touchée de mes paroles ; or, maintenant, elle n’y obéit pas. Mais sache-le cependant, fusses-tu plus tenace que la mer, si tu meurs, tes enfants sont trahis et n’auront point de part à la richesse paternelle. Non ! par la royale Amazone cavalière qui a enfanté un bâtard pour être le maître de tes fils, et qui a de libres pensées. Et tu le connais bien, c’est Hippolytos !

PHAIDRA.

Hélas sur moi !

LA NOURRICE.

Ceci te touche ?

PHAIDRA.

Tu me perds, nourrice ! Je te supplie par les Dieux de te taire désormais sur cet homme.

LA NOURRICE.

Tu vois ! tu penses sagement, et cependant tu ne veux pas venir en aide à tes fils et conserver ta vie.

PHAIDRA.

J’aime mes fils ! mais c’est une autre destinée qui me tourmente.