Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/520

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laient par la Ville et remplissaient les temples de terreur. Il était permis à Thèseus de se jeter dans la Ville ; mais il retint ses compagnons, disant qu’il était venu, non pour saccager la Ville, mais pour demander les cadavres. C’est un tel chef d’armées qu’il faut élire, qui soit brave dans les dangers et qui réprime l’insolence du peuple qui, dans la prospérité, veut gravir les plus hauts degrés de l’échelle, et qui a coutume de ruiner sa propre félicité quand il pourrait en jouir.

LE CHŒUR.

Maintenant que je vois ce jour inespéré, je pense qu’il y a des Dieux et que je souffre moins de maux, puisque ces hommes sont châtiés.

ADRASTOS.

Ô Zeus ! pourquoi parle-t-on de la sagesse des misérables mortels ? Nous dépendons de toi, en effet, et nous n’accomplissons que les choses que tu veux. La redoutable Argos était à nous, et nous étions nombreux, jeunes et vigoureux ; et quand Étéoklès proposa de traiter, nous ne voulûmes point accepter les offres modérées qu’il nous faisait, et nous nous sommes perdus. Et lui, alors heureux, et tel qu’un pauvre récemment parvenu à la richesse, devint insolent, et le peuple insensé de Kadmos s’est perdu à son tour par son insolence. Ô vains mortels, qui, tendant l’arc plus qu’il ne convient, subissez justement vos maux, vous n’obéissez point à vos amis, mais aux faits accomplis ! Et vous, ô Cités, quand vous pouvez détourner vos malheurs par la parole, vous décidez les affaires, non par la parole, mais par le carnage. Mais pour-