Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/563

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bruit rapide s’en est répandu, et la multitude accourt pour voir ta fille. Ceux qui ont une haute fortune sont illustres entre tous les mortels, et on les contemple. Les uns disent : — Sont-ce des noces ? De quoi s’agit-il ? Est-ce dans le désir de revoir sa fille que le Roi Agamemnôn l’a fait demander ? — Et d’autres disent : — On initie la jeune fille aux mystères d’Artémis, Reine d’Aulis. Qui donc l’épousera ? — Mais, allons ! offrez les corbeilles et couronnez vos têtes ! Et toi, Roi Ménélaos, prépare les noces, et que le son de la flûte et le bruit de la danse retentissent dans la demeure, car voici un jour heureux pour la jeune vierge !

AGAMEMNÔN.

C’est bien. Mais rentre dans les demeures. Grâce à la fortune propice, le reste ira bien.




AGAMEMNÔN.

Hélas sur moi ! Que dirai-je, malheureux ? Par où commencer ? Dans quel lien fatal suis-je tombé ? Bien plus rusé que toutes mes ruses, un Daimôn m’a prévenu ! Combien une origine obscure a d’avantages ! Il est permis à ceux-là de pleurer et de dire ce qu’ils veulent ; mais ce serait un déshonneur pour les hommes de noble race. L’arbitre de notre vie est l’orgueil, et nous sommes asservis à la multitude. En effet, j’ai honte de verser des larmes, et honte de ne pas pleurer, accablé que je suis de si grandes calamités. Soit ! Mais que dirai-je à ma femme ? Comment la recevrai-je ? Comment la regarder ? Elle m’a